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Les indiens Xikrin soutiennent le Ministère Public Fédéral sur le cas Belo Monte

« Les anciens du village, les femmes et les jeunes gens sont inquiets pour l’avenir de la communauté et de notre rivière Bacajá en raison de Belo Monte. De très nombreuses équipes d’Electronorte, de la Funai et de Norte Energia ont déjà visité nos villages, fait beaucoup de promesses, dit que nous allions avoir un emploi, dit que la vie de notre communauté allait s’améliorer. Cependant, personne ne nous a jamais donné d’explications sur le barrage et sur ses impacts. Jusqu’à présent, ils sont encore à l’étude alors que la construction de Belo Monte avance et que nous ignorons ce qu'il va advenir de notre vie, de notre rivière : aucune promesse n’a été tenue », dit la lettre signée par les chefs de l’Association Beby Xikrin.

La Terra Indígena Trincheira-Bacajá [Terre du peuple autochtone Trincheira-Bacajá], où les Xikrin vivent dans huit villages sur les rives du Bacajá, un affluent du Xingu dont embouchure se trouve précisément sur la Volta Grande, là où le volume d'eau doit être réduit de 80% à 90%. En dépit des études d’Impact Environnemental de Belo Monte rendues publiques en 2009 révélant que les Xikrin seraient affectés par l’ouvrage, jusqu’à présent la nature de ces préjudices et leurs compensations restent inconnus.

Lorsque les Xikrin se sont adressés au MPF, il y avait déjà deux ans qu’ils essayaient en vain d’obtenir des éclaircissements de la part du gouvernement et de l’entreprise. « C’est la crainte de ce qu'il peut nous arriver, le besoin que nous avons de connaître nos droits et de savoir comment nous défendre, qui a conduit notre communauté à contacter une nouvelle fois le procureur Felicio Pontes. Il est l’avocat du peuple autochtone, il connait nos droits », dit la lettres des Xikrin.

« Il ya quinze ans, à l’occasion d’une invasion de nos terres, Felicio était déjà venu dans notre village et avait résolu le problème. Pour cela, il mérite notre respect et notre confiance », ont dit les Indiens. « Notre peuple se réjouit de cette dernière visite. Felicio a écouté nos préoccupations et nous a aidé à mieux comprendre comment fonctionne un barrage, comment il peut changer notre fleuve, notre pêche et notre chasse. Il nous a aussi affirmé que la Constitution brésilienne nous donne des droits sur notre territoire et sur notre rivière, que si Belo Monte doit bouleverser notre vie – en effet, l’assèchement de notre rivière va détruire pour toujours la pêche, la chasse et la navigation – alors nous sommes en droit d’être indemnisés pour cette perte », ont-ils expliqué.

Les Xikrin se disent « très en colère contre le gouvernement », et « se sentent trompés ». « Les travaux de Belo Monte avancent très rapidement, alors que nous ne connaissons même pas les résultats des études sur la rivière Bacajá. Personne ne sait ce qui va réellement arriver, aucune des promesses d’amélioration de la vie de notre communauté n’a été tenue. »

Le document des Indiens éclaircit la question qui a même motivé des reportages dans les médias sur l’entretien entre eux et le procureur : « Nous n’avons obtenu qu’une chose, un plan d’urgence de 30 000 reals par village, mais celui-ci n’arrive même pas dans tous les villages. Lorsque Norte Energia et le gouvernement viennent parler avec nous de Belo Monte, ils ne nous parlent que d’argent. Et c'est pourquoi Felicio nous a parlé de cela, pour ouvrir nos yeux. Felicio est la seule personne qui nous aide, en qui nous avons confiance. Ils veulent maintenant l’écarter, ils veulent l’empêcher de nous aider. Le peuple Xikrin veut qu’il reste », conclut la lettre.

En raison de cette visite aux Xikrin, l’Avocat-Général du Brésil a diligenté une enquête contre le MPF. C’est la quatrième fois que le MPF doit répondre devant le Conseil National du Ministère Public (CNMP) sur ses agissements en faveur des peuples lésés par le barrage de Belo Monte.

La première, en 2010 : suite à des audiences publiques agitées sur Belo Monte, l’Avocat-Général a ouvert une enquête afin de blâmer le Procureur de la République Rodrigo Timothy Costa e Silva et le procureur Raimundo Moraes. Ceci a conduit le MPF et l’Etat du Pará à déposer plainte. Cette enquête a été archivée.

La seconde, en 2011 : les avocats de Norte Energia S.A. ont entamé une procédure auprès du CNMP contre le MPF, en la personne du Procureur Felicio Pontes Jr., car celui-ci anime un blog sur Internet où il dévoile les affaires judiciaires de l’entreprise. Cette enquête a aussi été archivée.

Toujours en 2011, à l’initiative de l’AGU une procédure essaye d’enlever la compétence du MPF sur les grands ouvrages comme celui de Belo Monte, et conteste son action sur des licenciements. Cette procédure n’a pas encore été jugée. Jusqu’à présent ni le MPF, ni le Procureur Felicio Pontes Jr. n’en ont été officiellement informés.

Informations délivrées par le MPF.

© Xingu Vivo Para Sempre / traduction : Arkan Simaan

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(*) Note du traducteur sur le Ministère Publico Federal (Ministère Public Fédéral). Le MPF est un organe destiné à la défense des citoyens contre les abus, notamment ceux de l’Administration. Il veille à l’application de la constitution et des traités internationaux. Il possède une certaine autonomie, ne peut être supprimé ni voir ses compétences attribuées à d’autres institutions.

 

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Vidéo : interview de FELÍCIO PONTES (MPF) chez les Xikrin
(sous-titrage anglais), 14 octobre 2011

Video © Sommerfilms, by Rebecca Sommer