Belo Monte :
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Lettre ouverte à la présidente du Brésil Dilma Rousseff

Un article de l'Instituto Raoni
Les dirigeants des organisations qui composent l'Articulation de Peuples Indigènes du Brésil (APIB), ont protesté avec une pétition contre l'actuelle politique indigèniste du Brésil. Alors qu'ils étaient réunis, ils furent informés que le gouvernement avait déjà décidé qui serait nommé à la présidence de la FUNAI, décision qui viole la Convention 169 de l'OIT sur la consultation préalable, libre et informée des indigènes.

 

Lettre ouverte à la présidente Dilma Rousseff et á la société brésilienne sur l’indication pour la présidence de la FUNAI (Fondation Nationale de l’Indien)

à son excellence Dilma Rousseff
Présidente de la République Fédérative du Brésil
Palais du Planalto
Place des Tois Pouvoirs – 3º étage
70150-900 – Brasília/District Fédéral

Madame,

Nous, les Peuples et les Organisations Indigènes qui composons l’Articulation des Peuples Indigènes du Brésil – APIB, soussignés, participants du Séminaire « Convention 169 de l’OIT : expériences et perspectives », réalisé à l’École de l’Administration Fiscale (ESAF Escola de Administração Fazendária), à Brasilia-DF, les 8 et 9 mars 2012, venons par la présente manifester notre insatisfaction avec le processus de conduction de la politique indigèniste du Pays, en particulier avec l’indication de noms pour la présidence de la FUNAI, organisme gouvernemental qui agit directement sur les rapports quotidiens avec les peuples indigénes.

Notre indignation est dûe au fait que, alors que nous étions réunis pour discuter de la participation des Peuples Indigènes et de leurs Organisations dans le processus de réglementation des Mécanismes de Consultation Préalable, Libre et Informée, prévue dans la Convention 169 de l’OIT, nous avons reçu des informations non-officielles sur le fait qu’une personne avait déjà été indiquée pour occuper le poste de président de la FUNAI, et qu’elle serait nommée prochainement. Il s’agit de Madame Marta Azevedo, ex-épouse du Secrétaire National de l’Articulation Sociale de la Présidence de la République, M. Paulo Maldos, et consultante de l’Institut Socio-Environnemental (ISA). Cette indication est une flagrante violation de l’article 6 de la Convention 169 de l’OIT qui stipule :
« Article 6-1. En applicant les dispositions de la présente convention, les gouvernements devront :
a) consulter les peuples intéressés, en suivant les procédures appropriées et, en particulier, avec leurs institutions représentatives, chaque fois que seront prévues des mesures législatives ou administratives susceptibles de les affecter directement. »

Le changement à la présidence de la FUNAI est un acte administratif qui affecte directement les Peuples Indigènes du Brésil. À l’heure où se discute l’application de la convention 169 au Brésil, nous pensons que ce serait une excellente occasion de mettre en pratique ce qui fut dit lors de discours. En ce sens, les Peuples Indigènes invitent le gouvernement brésilien à un dialogue en vue de trouver les points convergents pour l’indication, dans la transparence, la confiance, l’équité et la bonne foi. En faisant cette indication pour un poste de grande importance pour les Peuples Indigènes, le gouvernement perd l’occasion de démontrer dans la pratique la cohérence entre son discours et ses actes.

Il nous incombe de rappeler une partie de l’héritage de Márcio Meira, ami personnel de la personne indiquée pour la présidence de la FUNAI, laissé aux Peuples Indigènes comme résultat de cinq années à la tête de l’organisme indigèniste. L’indigènisme au Brésil a rarement été témoin de tant de scandales et de cooptation de dirigeants indigènes, d’intrusion de personnes liées à des ONG pour les postes de confiance et de coordination de l’organisme indigèniste, sans parler de la totale destructuration de cet organisme par le Décret 7.056/2009, qui a complétement démonté la FUNAI, ne lui laissant aucune possibilité de planifier et d’exécuter la politique indigèniste dans le Pays avec la participation des communautés indigènes.

Cette pratique de Márcio Meira et du gouvernement nous démontre la constante violation du droit de Consultation Préalable et des droits de nos Peuples à leur autonomie dans la mesure où s’exerce une tutelle masquée sur toutes les actions de l’État et des politiques offertes aux communautés indigènes dans notre pays. Comme exemples clairs, citons les projets du PAC (Programme d’Accélération de la Croissance) dans nos territoires, pour lesquels aucune consultation n’a eut lieu, hormis quelques réunions informatives, auprès des Peuples Indigènes affectés par de gigantesques chantiers qui mettent en péril leurs vies, l’environnement et la vie des générations futures.

L’actuelle gestion de Márcio Meira à la tête de la FUNAI est marquée par la sous-traitance de la FUNAI par des entités non gouvernementales qui se proclament socio-environnementales, qui dominent l’institution et qui font de cet espace public une source de revenus grâce aux études résultantes des projets implantés sur nos territoires.

Nous ne voulons pas et n’allons pas permettre la continuité d’une politique indigèniste qui sous-estime notre savoir et notre capacité à comprendre le futur qui se dessine pour nos Peuples et nos territoires, de même que nous n’approuvons pas les pratiques obscures du gouvernement fédéral qui n’évalue pas les conséquences de tels actes qui affecteront de manière négative les pratiques de l’organisme indigèniste auprés de plus de 240 Peuples Indigénes, de plus de 600 territoires et d’environ 50 Peuples non contactés. Nous n’acceptons pas la sous-traitance par des ONG qui ont bénéficié d’accords et de termes de coopération douteux et qui utilisent des millions de reais de l’argent public pour soit-disant protéger ces Peuples.

Le gouvernement fédéral doit reconnaître les peuples et les organisations indigènes comme des alliés pour la garantie et la pleine et effective promotion des droits indigènes dans notre pays. Nous serons implacables dans la lutte constante pour nos droits, notre autonomie et notre libre détermination conformément à ce que la Constitution Fédérale nous assure et aux instruments internationaux des droits de l’homme.

Cordialement,

Articulation des Peuples Indigènes du Brésil – APIB

Mars 2012

Copie jointe à :
Ministre de la Justice - José Eduardo Cardoso
Ministre du Secrétariat Général de la Présidence de la République - Gilberto Carvalho
Ministère Public Fédéral, 6º Chambre – Dr. Deborah Duprat

© Instituto Raoni / traduction : Stephan Bry

Date de l'article : 22/03/2012

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